Et Non! Il ne s'agit pas de photo des enfants en train de chercher les oeufs dans le jardin...
Nous allons parler ici d'oeufs d'huitres, dont le nom scientifique est Pinctada.
Chin vous raconte ses deux dernières missions à Rangiroa ... je vous laisse découvrir ces moments magiques de perpétuation de l'espèce...
Et oui, déjà 9 mois en Polynésie, et je viens d'effectuer ma 5ème et ma 6ème mission à Rangiroa, toutes deux au moment de la pleine lune de mars et d'avril! Ces missions sont dédiées à la reproduction artificielle des huîtres perlières à l'écloserie de Rangiroa, dans le cadre d'un programme de sauvegarde du patrimoine génétique. En effet, ces huîtres ont été collectées lors de missions passées, dans des atolls parfois reculés des Tuamotu's. Il s'agit de préserver cette ressource et cette diversité en les faisant se reproduire, mais en conservant leur origine géographique, et ce, afin de générer des futurs descendants. C'est à la pleine lune que ça marche le mieux et que les stimulations sont les plus efficaces (non, je ne me transforme pas en loup garou!)...
Au bout de 3/4 d'heure de vol, l'atoll de Rangiroa en vue, comme d'hab, avec son lagon bleu...
Ce travail se fait en collaboration avec les collègues du Service de la Perliculture. Leur beau bateau sert à aller chercher les reproducteurs à la concession quelque part dans le lagon. Une équipe de 3 plongeurs nous accompagnent pour aller chercher ces huîtres à 20 mètres de fond.
Voici une belle huître perlière fraîchement remontée des profondeurs.
On en remonte environs 200, car on ne connaît pas à priori leur sexe. Avec un ratio de 10% de femelle en général, il faut ce nombre important de 200 individus pour que la reproduction ait bien lieu. On les laisse barboter 2 jours durant dans des conditions particulières (top secret...). Au bout de ces deux jours, on les sort et on les place dans un bassin pouvant contenir 100 huîtres (on effectue en fait 2 vagues successives de reproduction).
La qualité d'eau de ce bassin est particulière (toujours top secret...) et déclenche au bout de 15min l'émission des gamètes mâles et femelles (pour celles et ceux qui sont décidés à pondre!). On reconnait alors facilement les mâles des femelles à ce moment là, sans faire de biopsie!
Ici, une femelle émettant des millions d'oeufs. On distingue les "grains" à l'oeil nu.
Regardez, ça devrait vous faire penser à ce que vous avez déjà du voir à la télé sur la reproduction du corail. C'est le même principe...
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Et là, un mâle émettant du sperme (pas de grain visible)...
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Les individus "en ponte" sont alors individuellement isolés dans des récipients en verre.
Il faut faire vite, les croisements peuvent alors débuter! Les mariages consistent alors à mélanger les pontes des femelles sélectionnées avec le sperme des mâles (là, je n'ai rien inventé!).
Et voilà le résultat, 2 heures après les croisements. On distingue au microscope des oeufs en division.
Au bout de 4 heures, le processus continue. On distingue nettement les cellules en division (sorte de trèfles). Super taux de fécondation, j'suis assez fier de moi!!!
Après l'éclosion, lorsque les larves sont parvenues au stade de larves D (voir mon beau schéma ci-dessous), j'ai ramené avec moi les 55 millions de bébés dans des bouteilles pour débuter les élevages larvaires dans les laboratoires de l'Ifremer .
Ces missions ont fait l'objet d'article dans le quotidien de Polynésie : la Dépêche ! C'est moi sur la gauche!
Voilà les bébés 3 jours après au microscope :
A 6 jours, on observe des sortes de "poils" (en haut à droite). Ce sont des cils qui servent à la larve pour se déplacer. Et oui, une larve d'huître, ça nage! Et même plutôt rapidement. Il faut les fixer (les tuer) au lugol pour prendre des clichés au microscope.
Et ça, en dessous, c'est juste pour le FUN! Je me suis amusé à changer les couleurs sous l'objectif du microscope! Laure a un faible pour la violette!
C'est beau la vie non?
Bon, c'est décidé, j'ouvre la 1er écloserie d'huîtres perlières de Polynésie Française !
En attendant, JOYEUSEs PAQUES à tous!!!!