Les 24-28 janvier dernier, première mission de l'année à l'archipel des Gambier. Cet archipel est le plus reculé de la Polynésie avec ses 1 700 km de distance de Tahiti (plus loin que pour se rendre aux Marquises et avec 1 heure de décalage horaire!). Ancien volcan qui s’est effondré, l’archipel est composé de plusieurs îles hautes dont Mangareva est la principale. Le tout est encerclé d’une barrière corallienne de 90 km. Contrairement aux autres archipels, le climat est frais car les îles se trouvent au sud, et la température peut atteindre les 12°c au mois de juillet; c'est ce qui rend ce site très intéressant pour nos études perlicoles. Une petite carte, avec en tâche de fond l'Europe va vous faire prendre conscience des distances. Pour aller à Mangareva, il n'y a que 2 vols par semaine: mardi et samedi. Donc, les missions durent forcément du mardi au samedi ou du samedi au mardi!

A l'aller (environ 4h30 de vol), il y a une escale à l'atoll de Tureia. On distingue la piste d'atterrissage et l'avion fait un demi-tour afin de bien se mettre dans l'axe. Cela permet d'admirer le bleu-lagon (je ne m'en lasse pas):

On re-décolle et on apperçoit un tout petit atoll: Maria Est; inhabité (peut-être un Robinson dessus!):

Enfin, on arrive sur l'archipel des Gambier, et on distingue à travers le hublot, la barrière de corail, les motus qui se profilent:

L'archipel des Gambier se compose de 14 petites îles montagneuses dont la plus grande et la plus peuplée est Mangareva:

L'atterrissage sur un motu est pour très bientôt; encore de belles vues du hublot:

Voilà l'aéroport international de l'archipel :

Après, il faut prendre un bateau de la commune pour se rendre sur l'île de Mangareva, au village de Rikitea:

Voilà la pension où je logerai durant ce séjour: http://www.pensionmaroi.com/ et mon petit bungalow. Durant ce séjour, j'étais tout seul; aucun autre touriste dans la pension!

Avec, du ponton de la pension, à l'approche de la nuit, un sentiment d'être "à l'autre bout du monde"...:

Bon, je suis tout de même venu pour le boulot. Les lagons mangaréviens sont exploités pour leurs nacres perlières abondantes. Les fermes perlières des sociétés les plus connues (dont celles de Robert Wan) y sont présentes et représentent la principale ressource de l’archipel. Ses lagons sont réputés propices à la culture de perles de grande qualité en Polynésie. Pourquoi? C'est justement les réponses que nous cherchons à connaître, au travers d'une expérimentation scientifique qui aura lieu en septembre-octobre prochain, chez un perliculteur, dont voilà la ferme:

Et oui, au Gambier (et dans la plupart des sites en Polynésie), les fermes sont sur pilotis dans le lagon. Nous avons tout bien planifiés et validés afin que l'expérimentation prochaine se passe au mieux. Ce fut aussi la période de tri des perles, en préparation à la future vente aux enchères, qui se déroulera les 18-20 mars prochain sur Tahiti (j'y suis invité lundi prochain!):

Il n'a pas fait beau tous les jours...

Petite escapade touristique:

Je rentre dans l’imposante cathédrale Saint-Michel du village principal Rikitea, datant de 1848, dont l’autel est richement décoré de perles et de nacres,  c' est un véritable chef-d’œuvre (non, non, pas de conclusion hative, je ne me suis pas converti!):

Dans les rues, on voit de jolies orchidées un peu partout...

... des immenses bougainvillés qui masquent les maisons:

Et enfin, je croise le faux manguier ou Cerbera manghas. Arbre à l'odeur bonifiante mais aux vertus redoutables. Petit arbre fréquent des plaines côtières et des vallées, en lisière de forêts, l'Hotureva ou plus simplement Reva, possède de belles fleurs blanches odorantes. Cependant, c'est une plante toxique, dont le fruit était utilisé comme poison de pêche. A petites doses, l'écorce, les feuilles et le latex sont des purgatifs mais le fruit est un poison violent qui referme de la cerbère entraînant l'arrêt du cœur. Autrefois, il servait à endormir les victimes des sacrifices humains dans les îles polynésiennes (et oui, le polynésien était canibale avant!) . Le nom de Mangareva vient en fait de cet arbre: le Reva. Impossible donc (pour moi) de quitter l'île sans le voir: 

C'est le moment de retourner sur Tahiti:

Survol au décollage de Mangareva:

Tiens, j'aperçois la grande ferme perlière où j'ai été durant cette mission:

Au retour, le vol est direct. C'est long... enfin, on survole Tahiti! C'est la fin de l'après-midi. Au travers du hublot, nous survolons les bungalows pilotis de l'Intercontinental Resort, de l'hôtel très haut de gamme!).

Allez, une prochaine fois, j'emmènerai toute la famille! (Y a interêt car j'ai même pas eu droit à une petite perle des Gambier moi dans cette affaire!!!!!!!!!! pas de bol tout de même, quand il bossait sur le bar, y avait du poisson à la maison en veux-tu en voilà et maintenant qu'il bosse sur la perle, y ramène plus rien!!! Tout part directement dans le coffre fort de l'ifremer! vraiment pas de  chance! ).

Et Non! Il ne s'agit pas de photo des enfants en train de chercher les oeufs dans le jardin...

Nous allons parler ici d'oeufs d'huitres, dont le nom scientifique est Pinctada.

Chin vous raconte ses deux dernières missions à Rangiroa ... je vous laisse découvrir ces moments magiques de perpétuation de l'espèce...

Et oui, déjà 9 mois en Polynésie, et je viens d'effectuer ma 5ème et ma 6ème mission à Rangiroa, toutes deux au moment de la pleine lune de mars et d'avril! Ces missions sont dédiées à la reproduction artificielle des huîtres perlières à l'écloserie de Rangiroa, dans le cadre d'un programme de sauvegarde du patrimoine génétique.  En effet, ces huîtres ont été collectées lors de missions passées, dans des atolls parfois reculés des Tuamotu's. Il s'agit de préserver cette ressource et cette diversité en les faisant se reproduire, mais en conservant leur origine géographique, et ce, afin de générer des futurs descendants. C'est à la pleine lune que ça marche le mieux et que les stimulations sont les plus efficaces (non, je ne me transforme pas en loup garou!)... 

Au bout de 3/4 d'heure de vol, l'atoll de Rangiroa en vue, comme d'hab, avec son lagon bleu...

Ce travail se fait en collaboration avec les collègues du Service de la Perliculture. Leur beau bateau sert à aller chercher les reproducteurs à la concession quelque part dans le lagon. Une équipe de 3 plongeurs nous accompagnent pour aller chercher ces huîtres à 20 mètres de fond.

Voici une belle huître perlière fraîchement remontée des profondeurs.

On en remonte environs 200, car on ne connaît pas à priori leur sexe. Avec un ratio de 10% de femelle en général, il faut ce nombre important de 200 individus pour que la reproduction ait bien lieu. On les laisse barboter 2 jours durant dans des conditions particulières (top secret...). Au bout de ces deux jours, on les sort et on les place dans un bassin pouvant contenir 100 huîtres (on effectue en fait 2 vagues successives de reproduction).

La qualité d'eau de ce bassin est particulière (toujours top secret...) et déclenche au bout de 15min l'émission des gamètes mâles et femelles (pour celles et ceux qui sont décidés à pondre!). On reconnait alors facilement les mâles des femelles à ce moment là, sans faire de biopsie!

Ici, une femelle émettant des millions d'oeufs. On distingue les "grains" à l'oeil nu.

Regardez, ça devrait vous faire penser à ce que vous avez déjà du voir à la télé sur la reproduction du corail. C'est le même principe...

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Et là, un mâle émettant du sperme (pas de grain visible)... 

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Les individus "en ponte" sont alors individuellement isolés dans des récipients en verre.

Il faut faire vite, les croisements peuvent alors débuter! Les mariages consistent alors à mélanger les pontes des femelles sélectionnées avec le sperme des mâles (là, je n'ai rien inventé!).

Et voilà le résultat,  2 heures après les croisements. On distingue au microscope des oeufs en division.

Au bout de 4 heures, le processus continue. On distingue nettement les cellules en division (sorte de trèfles). Super taux de fécondation, j'suis assez fier de moi!!!

Après l'éclosion, lorsque les larves sont parvenues au stade de larves D (voir mon beau schéma ci-dessous), j'ai ramené avec moi  les 55 millions de bébés dans des bouteilles pour débuter les élevages larvaires dans les laboratoires de l'Ifremer .

Ces missions ont fait l'objet d'article dans le quotidien de Polynésie : la Dépêche !  C'est moi sur la gauche!

Voilà les bébés 3 jours après au microscope :

A 6 jours, on observe des sortes de "poils" (en haut à droite). Ce sont des cils qui servent à la larve pour se déplacer. Et oui, une larve d'huître, ça nage! Et même plutôt rapidement. Il faut les fixer (les tuer) au lugol pour prendre des clichés au microscope.

Et ça, en dessous, c'est juste pour le FUN! Je me suis amusé à changer les couleurs sous l'objectif du microscope! Laure a un faible pour la violette!

 C'est beau la vie non?

Bon, c'est décidé, j'ouvre la 1er écloserie d'huîtres perlières de Polynésie Française ! 

En attendant, JOYEUSEs PAQUES à tous!!!!

Une petite pause dans les récits des vacances de Noël. Chin revient pour vous faire découvrir partiellement l'"Aquarium" du centre Ifremer.

Avant le déjeuner à la cantine, une petite pause PMT (=Palme Masque Tuba) d'une demi-heure (11h30 à 12h00) dans le lagon. Chaque jour est différent, et ce qu'on y voit l'est tout autant  à chaque pause.

En image, une partie des paysages sous-marin et des pinacles de corail :

Tiens, une demoiselle bleu (Chromis); j'en avais dans le bac à Combaillaux! En voilà d'autre  :

Au cours de la "promenade", je croise avec chance le chirurgien de feu (Acanthurus pyroferus) dans ses 2 livrées; juvénile en robe jaune à gauche, et adulte en livrée sombre à droite:

Puis, des poissons papillon, si commun en Polynésie. A gauche, le chaetodon délavé (Chaetodon lunulatus) , et à droite sur la même photo, le chaetodon à deux selles, le gros au milieu (Chaetodon ulietensis) et le chaetodon à points-tirets, plus petit, juste en haut du précédent (Chaetodon pelewensis) :

Mais, il y a aussi des bébêtes mimétiques. Et il faut parfois ouvrir l'oeil, comme pour ce petit bénitier incrusté dans le corail et son manteau de couleur originale (et pas bleu turquoise!) :

Et ce petit gobie, qui se fond sur la roche : 

Après, il y a aussi des poissons beaucoup plus voyant, comme ce poisson-trompette (Aulostomus chinensis) à robe jaune d'environ 60 cm. Il y a une grande disparité de couleur chez cette espèce; on en voit des argentés, mais aussi des oranges, rouges ou des marrons. 

Et ce poisson péroquet brûlé (Chlorurus sordidus) craintif, en livrée adulte, avec le corps et les nageoires bleus turquoises et le dos et les flancs jaunes (il y en a aussi des à flancs oranges!). Il évoluait à 3 mètres sous mes palmes, en nageant carrément sur le côté et en rasant le fond, pour ne pas me perdre de vue :

Voilà cette petite PMT d'une demi-heure dans l'"aquarium". C'est plutôt original comme pause? Je ne m'en lasse pas; aux souvenirs de mon enfance baignée dans les reportages de l'équipe Cousteau! Je vous montrerai mes prochaines expéditions! 

Tridacna maxima, ça vous dit quelque chose?

Et bien, c'est le bénitier que l'on trouve en Polynésie. Les tahitiens le surnomment le "Pahua" (prononcer : "pa-houa"). C'est un met recherché ici. Sa pêche est réglementée et seuls les sujets dont la taille est > à 12cm peuvent être capturés (dans la "théorie"....). Pour ma part, c'est surtout un magnifique mollusque pour les aquariums récifaux! On en trouve rarement à la vente en métropole et ils sont hors de prix.... Et ici, c'est pas (encore) ce qui manque dans les lagons!

A l'Ifremer, nous en hébergeons en ce moment dans un minuscule bassin dans le cadre d'un programme de recherche/ développement sur son aquaculture. Ils proviennent d'un atoll des Tuamotus. Une vue d'ensemble sous-marine:

Sous un autre angle :

Je ne sais pas l'effet que cela vous fait, mais je reste sans voix face à ces merveilles de la nature.

C'est si coloré, si beau, si lumineux; de véritables joyaux vivants! 

Et il n'y a pas deux sujets qui se ressemblent !

Cela ne me donne pas envie de les manger en tout cas...

Jugez par vous même les détails de la pigmentation de leur manteau, qui héberge une zooxanthelle symbiotique: 

Il n'y a donc pas que le bleu turquoise des lagons en Polynésie, mais aussi celui des bénitiers!

Chin, la suite....

A l'aérogare de Rangiroa, on vient me chercher, ma glacière et moi.

Direction la ferme perlière partenaire de nos travaux de recherche : Gauguin's Pearl. 

A la ferme, les nacres sont placées sous protection (grillage à grande maille en PVC), avant leur mise en lagon.

En effet, les balistes, raies léopards et autres prédateurs sont voraces! A droite, c'est mon fidèle collègue technicien Manaarii; je fais tout pour le recruter en 2011! Et à gauche en tablier bleu, c'est Laurent, chef technique à la ferme perlière et... super bon pêcheur (rendez-vous est pris avec lui en fin de mois; vous verrez !).

En attendant que toutes les filières soient prêtes; les premières attendent sagement dans des bassins alimentés par le lagon en continu (circuit ouvert). Vous remarquez en arrière plan "the BLUE" du lagon!

 Un bateau viendra après les chercher, afin de les mettre en lagon. Accostage sur ce ponton :

 Elle est belle la vue non?...

A gauche :

et à droite :

L'eau est d'une limpidité extraordinaire. Le bleu est divin.

C'est sûr, lors de ma prochaine mission d'une semaine en fin de mois, je saurais quoi faire après ma journée de travail!