Mi-décembre, nous nous sommes rendus au jardin botanic pour vivre au rythme des coutumes Polynésiennes le temps d'une journée. Vous vous souvenez, le jardin, c'est là...

Durant la matinée, Loan et moi, avons pu nous initier à l'art du tressage de fougères, ainsi qu' à la réalisation de couronnes de fleurs. Ici, les femmes se parent de fleurs pour les grandes occasions, les fêtes, les anniversaires, la messe, ou tout simplement  le dimanche... Autant dire que la femme polynésienne est presque toujours fleurie et c'est super joli!

Je vous montre l'atelier couronnes de fleurs que j'ai suivi assidument... 

J'avais devant moi tout plein de saladiers remplis de fleurs diverses et variées. On m'explique qu'il faut commencer par une fleur avec une longue tige destinée à servir de support, puis d'incorporer feuillages et fleurs au fur et à mesure en les enroulant avec une sorte de rafia. Cela peut sembler simple mais en réalité... hum hum, comment dire... dès qu'on arrive à une certaine longueur... les fleurs commencent parfois à se détacher... C'est là qu'on fait la différence entre une couronne faite par une mama tahitienne et celle réalisée par une popaa! 

Avec Caroline, la copine qui a la fleur jaune à l'oreille à côté de moi, on a fait ce qu'on a pu... mais nous avons du nous arrêter bien avant le stade "couronne" si vous voyez ce que je veux dire...

Mayline n'en a pas raté une miette... enfin un pétale ! Elle est restée bien gentillement avec moi en attrapant délicatement des fleurs!

Franchement, elle a été un amour ce jour là...

Je lui ai fabriqué un petit bouquet rien que pour elle et je l'ai attaché à son chapeau! Elle était ravie! (elle est toujours ravie quand on lui dit qu'elle est belle, une petite fille quoi!).

Loan quant à lui a fabriqué une belle couronne de fougères. Et oui, les hommes se parent aussi, mais de feuillages...

Il est en compagnie de Denis, un collègue de  Chin, le mari de Caro, qui s'est prêté au jeu...

Ensuite nous avons déjeuné sur l'herbe un ma'a tahiti composé de porc au coco, de chèvre au curry, de bananes cuites, de poulet fafa (une sorte d'épinards), de thon blanc à la tahienne et en dessert de poe citrouille et de bananes au rhum. Inutile de vous dire qu' après un tel repas, on n'avait plus faim! On n'a même pas pu terminer nos assiettes!

Après le repas, les enfants sont partis attraper (enfin essayer!) des crabes de mangrove. Ils ont poursuivi les poissons dans l'eau. Bref, ils se sont bien amusés à patauger.

Vers 14H, on est rentré faire faire la sieste à Mayline car il faisait vraiment trop chaud.

Retour au jardin vers 16H, l'heure de la danse!

Vous étiez nombreux à me le demander alors... voilà, je vais vous montrer chez nous, sur la route du plateau à Taravao.

Je viens de mettre un album photos des différentes pièces de la maison et pour que ça fasse plus vivant, je vous joints une vidéo tournée un mercredi après-midi, après l'école...

Ici, pas de cahier d'évaluation pour indiquer si tel ou tel apprentissage est en cours d'acquistion ou acquis! On donne des notes sur 20! ça ne rigole pas! ça me rappelle mon jeune temps à l'école primaire avec le carnet de notes distribué par ordre de mérite...

Un premier bilan plutôt positif. Ils se sont bien adaptés à leur nouvelle école et c'est ce qui compte. Pas de mauvaise surprise qui nous aurait fait craindre un problème quelque part.

Julen s'en tire avec une moyenne générale de 12.9/20. Une évaluation qui cadre assez bien avec ce que nous savons de lui. De bons résultats en mathématiques et en lecture. Toujours des difficultées en écriture, orthographe, syntaxe... mais nous savons qu'il fait de son mieux et que ces matières lui demandent de gros efforts. Nous sommes donc fier de son travail!

Loan, quant à lui obtient un honorable 14.4/20 avec de bonnes notes (voir très bonnes en maths, sciences, histoire/géo, lecture compréhension où il frôle les 20/20)!

Rien à redire! C'est Loan tout craché. Il arrive même à avoir un 17 en Polynésien alors qu'il ne connait pas cette langue (apprendre et réciter des poésies dans une langue étrangère, c'est pourtant pas évident!). Félicitations donc à notre grand garçon!

Prochains bulletins aux allentours du mois de mars!

 Et

à TOUS les enfants de Combaillaux!

Comment naît une perle?

Je vais tâcher de décrire brièvement l'acte chirurgical qui permet d'obtenir ce joyau. Durant cette mission d'une semaine, plus de 3000 greffes ont été effectuées. Pour résumer, les perliculteurs reproduisent artificiellement, ce qui se produit à très faible probabilité dans la nature.

Il s'agit de placer un corps étranger dans l'huître perlière, et plus particulièrement dans une zone appelée "sac perlier". C'est un véritable acte chirurgical. On parle de greffe, car en plus du corps étranger que l'on introduit  (le nucléus) dans l' huître, dite receveuse, on ajoute un morceau de tissu (le greffon) provenant d'une huître, dite donneuse.

Vous me suivez toujours? Pour faire une perle, il faut donc deux huîtres, une donneuse (qui est sacrifiée pour prélever les greffons) et une receveuse (qui doit rester bien vivante pour produire la perle).

Le greffon étant de petite taille (4 x 4 mm environ), on peut, à partir d'une receveuse de bonne taille, aboutir à 60 greffons, qui peuvent potentiellement servir à 60 greffes. 

Voilà des huîtres donneuses ouvertes. Le greffon est découpé dans le manteau de l'huître. Le manteau, c'est la bande noire en bordure de coquille (vous savez, la partie qui se rétracte quand on met du citron dans nos bonnes fines de claires avant de les déguster!).  

Les cellules du manteau ont la capacité de déposer de la nacre colorée: c'est la coloration irisée en bordure de coquille. Cette particularité cellulaire est utilisée pour la production de perles: on place le greffon en contact avec le nucléus dans le sac perlier, et la nature fait le travail! Les cellules du greffon se multiplient, déposent des couches de nacre successives sur le nucléus. Au bout de 15 à 18 mois, on obtient une perle!

Enfin, il y a tout de même de la perte! En moyenne, 60% des huitres donneront une perle (les 40% restant correspondent à des huîtres receveuses qui rejettent le nucléus).

 A la récolte, seulement 5% des perles seront de bonne qualité et commercialisables en classe A!

Voilà le greffonneur, celui qui prépare les greffons pour le greffeur. Il découpe la bande de manteau et la fractionne en autant de greffons que nécessaire.

En parallèle, je conserve un spécimen de chaque greffon pour les extractions d'ADN (assignation de parenté des descendants) et d'ARN (validation de l'expression de gène minéralisateur par l'huître donneuse).

Lorsque les greffons arrivent sur la table du greffeur, celui-ci y met un colorant rouge afin de mieux visualiser la position du greffon sur le nucléus dans le sac perlier de l'huître receveuse. Je vous assure qu'une fois entre-ouverte, c'est pas évident d'y voir quelque chose lorsqu'on à pas l'habitude!

Voilà Jacques en plein acte chirurgical: l'huître receveuse est positionnée sur un support la mettant au niveau de son regard.

Le nucléus est sphérique et est composé d'une coquille de moule du Mississipi, enrobée d'agents minimisant le rejet (agents de prolifération cellulaire, antibiotiques...). C'est la boule jaune que vous voyez au bout de l'instrument du greffeur. Sa taille dépend de la taille de l'huître receveuse. Plus cette dernière est grande, plus son sac perlier est grand, et plus grand sera le nucléus utilisé. 

Les gestes sont rapides, précis et nécessitent l'utilisation de plusieurs instruments:

- un écarteur, la pince qui permet d'entre-ouvrir l'huitre sans la blesser.

- un instrument à deux embouts qui demande une grande dextérité: d'un geste, insertion du nucléus (la boule jaune) et en retournant l'instrument, bon positionnement du greffon, à côté du nucléus, dans le sac perlier.

Une fois la manip effectuée, l'écarteur est retiré et l'huître est placée dans un "kangaroo"; une sorte de portoir à huîtres pourvu de 10 poches. Chaque kangaroo sera replacé sur les filières dans le lagon afin que les huitres continuent leur cycle de vie.

Ici, vous voyez la mise en attente des kangaroo dans les longs bassins (en second plan sur la photo) avant leur transfert sur les filières du lagon.

Voilà, durant cette semaine de greffe expérimentale, c'est plus de 3000 greffes qui ont été réalisées sur les 5 journées!

Un greffeur fait en moyenne 350 greffes par jour sous une chaleur accablante. Les journées commencent à 6h00 et se terminent à 14h30. Il m'a fallu jouer au chef d'orchestre et surtout faire attention à ce que tout se fasse dans le bon ordre!

Pour info, les huitres donneuses sont issues de croisements contrôlés. L'objectif  de la manip est de tester les familles produites (10 donneuses par famille) sur leur capacité à donner telle ou telle couleur de perle en fonction de leur lien de parenté. C'est l'un des axes de recherche, en matière de sélection génétique de l'huître donneuse, dont je suis responsable.

Voilà une partie de l'équipe qui a participé à la manip: en vert, Manaari, un VCAT de l'Ifremer, Raia, greffonneur, Jérémy, VCAT également, Jacques, greffeur (imbibé à la Hinano dès que le week-end arrive mais gentil comme tout! il est même venu nous chercher pour nous emmener au marché d'Avaturu, le dimanche matin vers 5H, dans sa gimbarde... j'ai cru qu'on n'allait jamais arriver en entier vu la vitesse à laquelle il s'est pris les ralentisseurs et les zig-zag qu'il faisait sur la route...)  et Hinatea, greffeuse.

Et au centre, les acteurs les plus importants : les huîtres donneuses protégées dans un grillage, afin d'échapper à la voracité des prédateurs (raies léopards, balistes etc....).

Récolte de cette manip dans 15 mois!

Cette excursion n'est pas mentionnée dans tous les guides et pourtant, c'est vraiment superbe.

C'est en demandant aux greffeurs que nous avons réussi à avoir le vini (le mobile si vous préférez, mais comme ici, il n'y a qu'un seul opérateur, qui s'appelle Vini...) d'une certaine Laëtitia qui pourrait venir nous chercher en bateau.

Nous apprenons en fait qu'elle habite sur le motu qui jouxte le lagon et que son père est l'homme qui vient de rejoindre la Chine depuis la Polynésie en pirogue à balancier, sans instrument de mesure moderne, uniquement grâce aux étoiles, au soleil, aux vent, aux courants. Il vient d'arriver en Chine début décembre après 114 jours de navigation, si ça vous intéresse,  cliquez ici. Sa pirogue est maintenant au musée de Shangaï.

Bref, elle se propose de venir nous chercher à 8H, rdv à la marina d'Avaturu, une des deux villes de Rangiroa. Le contre-maître de la ferme perlière nous y emmène en pick-up. 5 minutes de voiture et nous y sommes.

Quelques bateaux, un petit snack, une maison en ruines, quelques chiens errants... mais pas de Laëtitia à l'horizon.

Nous savons maintenant que ça marche comme ça ici, donc on ne se formalise pas, nous l'appelons... elle nous dit qu'elle arrive... le lagon vert est en fait de l'autre côté du motu que vous voyez ci-dessous.

Nous la voyons arriver en bateau, à fond les manettes (comme dirait Juju)!

Elle stoppe devant le quai, qui est beaucoup plus haut  que le bateau... humm humm, il va encore falloir  faire des acrobaties pour y descendre. Heureusement, Laëtitia est une jeune femme solide qui m'attrape la main fermement et le tour est joué! Elle met en marche le moteur après quelques essais infructueux (je comprends qu'elle soit "balèze"... la mise en marche du rotofil ou de la tondeuse, c'est rien à côté...) et nous voilà voguant sur les eaux!

Les enfants sont évidemment ravis! C'est vrai que le bateau à moteur, c'est chouette, le bateau monte et retombe à chaque vague et nous sommes tout éclaboussés! Tout le monde glousse de plaisir!

Au fur et à mesure que nous nous approchons du motu, nous voyons l'eau changer de couleur. Du bleu profond au bleu-vert pour se terminer dans un bleu ciel limpide...

Nous arrivons après 10 minutes de traversée. Le lagon vert, c'est ça!

Je crois que je n'ai pas besoin de commenter... On se croirait dans un film.

Il n'y a pas de doute, l'eau est bien verte! Ce lagon porte bien son nom!

Nous en faisons le tour pour aller nous installer sous un noni, un arbre local qui produit des fruits en forme de grosses mûres mais jaunes. Nous sommes absolument seuls, exceptés les habitants du motu que nous n'apercevrons que de loin.

C'est ici que nous allons pique-niquer, et nous reposer quand nous serrons trop fiuu! Mayline réussira même à y faire sa sieste pendant que les garçons seront dans l'eau avec Chin. Première fois qu'elle dormait sur le sable!

Les enfants s'amusent sur la plage pendant que nous préparons les sandwichs!

Le repas sera très très basique, il n'y a pas vraiment de produits frais sur Rangiroa: pain et paté de porc en boite, du saucisson à l'ail décongelé (si si, je l'ai acheté congelé à l'épicerie, tout comme le jambon et la viande, quand il y en a...), chips à la crevette, pseudo fromage à hamburger, crackers et beaucoup beaucoup de jus de fruit!

C'est marrant colmme tout devient meilleur quand on est dans un cadre enchanteur!

En bout de lagon, des bateaux de pêcheurs ou des taxis boat reposent sur le sable...

La baignade est évidemment agréable, eau peu profonde sur plusieurs dizaines de mètres pour Julen (ça devient profond là où l'eau est vert turquoise!)

Juju a pu ainsi continuer à se familiariser avec son masque en toute tranquilité.

Les deux frères ont bien rigolé dans l'eau...

Des pièges à poissons sont installés un peu partout dans le lagon, mais plus vers le large. Ils ont tous la même forme: de grands as de pique renversés. Les poissons une fois rentrés sont pris au piège et ne peuvent plus ressortir.

Celui que nous sommes allés voir était percé, donc pas de poisson à l'intérieur. Laëtitia, nous dira par la suite que c'est son père qui se charge de la pêche et de réparer les filets et comme il n'est pas là depuis presque 4 mois... tout est laissé à l'abandon...

Il y a des petits poissons un peu partout (nous avons même pu les nourir du bout des doigts avec le pain qui nous restait), des vers tubicoles de toutes les couleurs sont accrochés aux rochers...

Et bien sûr, du corail, des bénitiers énormes...

Une raie est venue nous voir tout au bord quand nous donnions à manger aux poissons. Elle voulait sa part! 

Il est bientôt 15H et nous allons songer à rentrer car les nonos attaquent!!!

Laëtita nous avait prévenus que ces petits moustiques allaient arriver en début d'après-midi. Le temps que nous l'appelions pour lui dire de nous ramener, nous nous sommes fait dévorés!

Allez, une dernière photo pour la beauté du lieu.

A une heure de bateau, il y a aussi le lagon bleu qui est parait-il encore plus fabuleux, car beaucoup plus grand!

Nous avions envisagé de nous y rendre le lendemain, mais la météo étant mauvaise, la personne qui devait nous y emmener a renoncé à faire l'excursion. Ce sera pour une autre fois, ce n'est pas grave!

En attendant, c'est retour à la ferme!